Echo
d'Iran N°
3, 2007-02-11,
La situation des Travailleurs en Iran en 2006
Jamais dans l’histoire
de L'Iran, le fossé qui sépare les plus riches des plus
pauvres n’a été si grand. Quelques 15 millions iraniens
vivraient sous le seuil de pauvreté. Selon le Parviz
Davoudi, le conseiller
de président de la république, plus de 4.5 millions
d’Iraniens vivent avec un dollar par jour. Les salariés
en général et les travailleurs en particulier sont les
premières victimes de cette situation et elle ne cesse
de s’aggraver.
Alors
que l’inflation atteint chaque année presque 20% les
salaires ne bougent quasiment pas. L’appauvrissement
constant de la population s’accompagne des mesures
anti-sociales du gouvernement. Les travailleurs en font
partie. Non seulement ils ne sont pas bien payés, mais
en outre ils sont souvent payés avec retard, voire pas
du tout payés pendant des mois.
Dans une
telle situation le régime, partisan d’un libéralisme
sauvage, a, à plusieurs reprises, modifié le Code du
travail pour le rendre plus favorable aux patronats.
Dernier exemple: les entreprises de moins de 20
personnes ont été exemptés de l’application du Code du
travail pour ce qui est la couverture sociale ou la
nécessité de justifier une décision du renvoi. En
approuvant ce loi, qui concerne plus de 80% de force de
travaille, dont la majorité sont des femmes, le régime a
renforcé l'atmosphère de discrimination dans le milieu
de travail et a affirmé la double exploitation des
femmes.
Dans ces
conditions inhumaines il est tout à fait normal que les
travailleurs iraniens ne se taisent pas. Depuis quelques
années les ouvriers iraniens expriment leur ras le bol
général à travers d’actes de contestation de toutes
sortes : manifestations, grèves, sit-in et
rassemblements. Mais la réponse du gouvernement est
toujours la même : mensonge, fausses promesses,
inattention et surtout répression. Il est allé même
jusqu’à ouvrir le feu sur les ouvriers qui manifesté
pacifiquement pour leurs droits les plus légitimes.
Face à
une telle situation les travailleurs iraniens ont décidé
de s’organiser pour donner un caractère collectif à
leurs luttes. D’où l’émergence des premiers syndicats
ouvriers après plus de décennies de répression étatique
forte et de manipulation par des organismes contrôlés
par le régime.
Le
Syndicat de la Régie du transport de Téhéran (Vehed) est
l’exemple flagrant de ce désire des travailleurs
iraniens pour avoir leur propre organisations syndicales
indépendantes. Mais face à cette tentative des
travailleurs, la réaction du régime était la pire
répression que l’on puisse imaginer : assaut contre le
bureau de ce syndicat, arrestation de ses membres,
emprisonnement de ses militants, attaque paramilitaire
et policière aux ouvriers suivants les consignes des
syndicats ainsi qu’à leurs familles et surtout
l’arrestation, la condamnation et l’emprisonnement de
son leader, Mansour Ossalou.
La liste
des violations des droits des travailleurs iraniens
serait très longue mais pour n’en évoquer que les cas
les plus récents on peut citer :
-
Les militants ouvriers MMs.Mahmoud
Salehi, Jalal Hosseyni et Mohsen Hakimi, qui avait
auparavant été jugés et acquitté par le régime pour
avoir participé aux cérémonies du 1 Mai 2004, ont
été a nouveau arrêtes et rejugés pour les mêmes
accusations. Le régime a condamné M.Mahmoud Salehei
à 4 ans de prison ferme et MM.Jalal Hosseiny et
Mohsen Hakimi chaque à 2 ans de prison ferme.
-
En ouvrant le feu sur les ouvriers contestataires de
Bandar Deylam (au sud de l’Iran), l’un des ouvriers,
au nom de M.Baron Haghighat a été tué sur le champ.
-
En novembre 2006 les agents du service de sécurité
iraniens ont kidnappé de nouveau Mansour Ossalou, le
président du Syndicat des ouvriers de la Régie de
Transport de Téhéran (Vahed), et l’ont conduit à la
prison. Il a été libéré un mois après, après une
intense compagne internationale pour sa libération.
Une fois libéré il a révélé qu’au moment de son
arrestation forcée 9 personnes l’avaient rué des
coups essayant de l’étrangler par son écharpe.
-
Le dimanche 3 décembre 2006 trois ouvriers de la
Régie Vahed étaient en train de distribuer les
tracts de la Confédération internationale des
syndicats libres (CISL) à la gare Khavaran (au sud
de Téhéran) lorsqu’ils ont été arrêtés.
-
Vaste
programme
de renvoi forcé des ouvriers afghans vers leur pays.
-
M.J.Moradi, responsable de « l’Association
Professionnelle des Ouvriers de Câble et de Métaux »
de Kermanshan, a été convoqué au tribunal pour avoir
participé dans la marche du 1er Mai 2006,
de même que 17 ouvriers de la Régie Vahed, convoqués
pour le même motif.
-
Des
actions organisées afin d’installer la loi de jungle
dans les relations de travail sous le nom de la
réforme du Code de travail en vue de donner une
liberté totale aux patronat pour licencier des
travailleurs, priver les salariés de leurs droits
les plus fondamentaux et la répression de toute
contestation collective.
-
Les
ouvriers de la Régie Vahed, qui ont été suspendus de
leur emploi en raison de leurs activités syndicales,
sont toujours privés du droit de retour au travail.
-
Le refus
obstiné des revendications légitimes des
travailleurs reconnus au niveau international tels
que : la reconnaissance de constitution
d’organisations ouvrières indépendantes; salaire
égal pour un travail égale pour homme et femme;
paiement des droits de chômage, garantir la sécurité
du travail et etc.…
Cette lutte acharnée
des travailleurs iraniens face à un des régimes le plus
répressifs du monde, continue toujours à un prix fort
cher qu’ils paient de leur vie. Mais cette lutte mérite
le soutien de tous les travailleurs du Monde, surtout
ceux de pays démocratiques, où les syndicats libres
peuvent exprimer leurs revendications et trouver des
moyens légaux de pression sur le gouvernement iranien de
façon à ce qu’il respecte les droits ouvriers reconnus
au niveau international.
|