Echo
d'Iran N°
4, 2007-07-01,
La
lettre adressée a Madame Karen Curtis, Nnotre interlocuteur a l'OIT
Madame
Karen Curtis
Directrice adjointe du Département des norme
Service de la liberté syndicale
OIT : Genève, Suisse
Le
11 juin 2007
Madame,
Nous
vous remercions de nous avoir reçu le 8 juin 2007 dans
vos locaux à Genève afin d’entendre nos observation
concernant l’attitude de l’OIT à l’égard de la politique
anti-ouvrière de la République islamique d’Iran et la
violation systématique des droits des travailleurs en
Iran.
Nous
avons précisé lors de notre rencontre les points
suivants :
1.
Les participants au nom de représentants des
travailleurs iraniens dans les conférences et autres
instances de l’OIT ne sont pas les vrais représentants
des travailleurs. ils sont désignés par le gouvernement
iranien.
2.
Le fait qu’en Iran le droit d’association et notamment
celui des travailleurs de former leurs organisations
indépendantes est bafoué par le gouvernement ; la
liberté d’expression et de manifestation, notamment la
libre célébration du 1e mai est réprimée, les
organisateurs et participants aux manifestations et aux
assemblées, notamment celles des ouvriers, sont
violemment attaqués par les agents de sécurité, mis en
état d’arrestation, emprisonnés et condamnés. Nous avons
évoqué les cas suivants :
-
M. Mahmoud Salehi qui a été condamné à un an de prison
pour avoir essayer d'organiser une manifestation (qui
n’a pas eu lieu) au 1e mai 2004 à Saqez.
Aussi avons-nous vous informée de son état de santé très
préoccupant : M. Salehi souffre de la maladie
néphrétique, il n’a qu’un seul rein qui fonctionne à peu
près à 20%,
-
M. Mansour Ossanlou, Président du Syndicat de la Régie
des Bus Urbains de Téhéran et sa Banlieue a été condamné
à cinq ans de prison en raison de ses activités
syndicales,
-
MM. Seddigh Karimi et Sheys Amani ont été arrêtés pour
avoir participé à la manifestation du 1e mai
2007 à Sanandaj. Ils sont été objets des actes très
violents de la part des agents gouvernementaux. Selon
nos dernières informations Sheys Amani et Seddigh Karimi
ont été relâches de prison, le 9 et le 10 juin courant,
contre une caution de 50 millions tomans. Ils doivent
attendre leurs procès, comme 17 autres travailleurs de
la Régie des Bus Urbains de Téhéran et sa Banlieue.
-
Nous
avons proposé qu’une équipe médicale soit envoyée en
Iran afin d’observer de près l’état de santé de M.
Mahmoud Salehi et d’envisager les mesures nécessaires
afin d’écarter le danger réel qui pèse sur la santé et
la vie de M. Salehi en raison de sa détention. Vous
avez apprécié cette suggestion. Nous pensons qu’elle ne
sera réellement efficace que sous deux conditions : a)
la rapidité d’envoie de cette équipe médicale, b) le
soutien formel et ferme de l’OIT de cette équipe et de
sa mission.
3.
La discrimination délibérée de la part des pouvoirs
publics à l’égard des femmes, aussi bien en matière de
salaire que d’opportunité et de responsabilité au
travail, est un exercice courant en Iran et elle se
rajoute à la violation des droits politiques,
économiques et sociaux et civils des femmes en général
sur le plan de la société dans son ensemble. N’importe
quel observateur impartial et objectif vous confirmera
ce fait honteux.
4.
Nous
avons aussi souligné la politique inacceptable du
gouvernement iranien à l’égard des travailleurs
étrangers, notamment travailleurs afghans en Iran ; nous
avons transmis l’indignation des organisations
indépendantes des travailleurs en Iran face à ces actes
et leur condamnation par ces organisations, ainsi que la
nécessité d’agir pour arrêter l’expulsion inhumaine des
travailleurs afghans.
5.
Nous
avons rappelé qu’il y a des centaines de milliers
d’enfants en Iran qui sont forcés à travailler. La
République islamique et les patrons iraniens, malgré les
textes en vigueur de l’OIT et de l’ONU en matière
d’interdiction du travail des enfants, encouragent et
pratiquent cet acte inhumain et illégal. La Régime
Iranien déclare sans scrupule et de façon formelle le
travail des enfants comme quelque chose de « normal »:
dans l’Annuaire Statistique d’Iran (document
officiel du gouvernement iranien en matière de
statistiques économiques et sociales) toute les tranches
d’âge entre 10 et 65 ans sont définie comme la
population active. Cela montre que pour les
autorités iraniennes, il est normal qu’un enfant de 10
ans travaille. Mais de nombreuses études montrent aussi
que beaucoup d’enfants moins de 10 ans travaillent dans
les villes et campagnes en Iran.
Madame,
Lors de notre
entretien du 8 juin 2007, vous avez évoqué le fait que
l’Iran n’a pas ratifié les protocoles 87 et 98. Vous
avez également parlé du fait qu’aucune délégation n’a
contesté la présence de la soi disant délégation
ouvrière de l’Iran qui, comme tout le monde le sait, est
désignée par le gouvernement et non pas les
organisations indépendantes des travailleurs. Nous
savons ces faits tristes. Mais nous ne pensons pas que
cela puisse justifier la violation des droits des
travailleurs, des femmes et des enfants en Iran.
Vous
savez sans aucun doute que selon la « Déclaration
de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux
au travail et son suivi »
(texte du 19 juin 1998), tous les pays membres de l’OIT
indépendamment du fait qu’ils aient
ratifié ou non les conventions correspondantes ont
l’obligation de respecter un certain nombre de principes
et droits au travail dont font partie le droit
d’association des travailleurs et la négociation
collective, interdiction de toute discrimination (sur la
base de sexe, de religion, de nationalité et origine
ethnique, etc.) ainsi que l’interdiction du travail des
enfants. Vous n’avez pas fait allusion, lors de notre
entretien, à cette déclaration et des obligations
qu’elle impose aux pays membres (y compris l’Iran),
ainsi qu’à l’OIT. Nous citons ici la clause 2 de cette
déclaration de l’OIT dont vous êtes l’une des
responsables et par ce fait responsable de l’exécution
et du suivi de ses textes :
« 2. [La Conférence Internationale du Travail] Déclare
que l'ensemble des Membres, même lorsqu'ils n'ont pas
ratifié les conventions en question, ont l'obligation,
du seul fait de leur appartenance à l'Organisation, de
respecter, promouvoir et réaliser, de bonne foi et
conformément à la Constitution, les principes concernant
les droits fondamentaux qui sont l'objet desdites
conventions, à savoir:
(a) la liberté d'association et la reconnaissance
effective du droit de négociation collective;
(b) l'élimination de toute forme de travail forcé ou
obligatoire;
(c) l'abolition effective du travail des enfants ;
(d) l'élimination de la discrimination en matière
d'emploi et de profession.
Par
conséquent, nous pensons que l’OIT, ses instances et ses
dirigeants ont l’obligation de veiller et de suivre la
mise en œuvre et la promotion de ses textes et
d’utiliser les moyens dont dispose l’organisation pour
faire respecter ses principes et ses conventions par les
pays membres, en l’occurrence par l’Iran. Plus
particulièrement nous pensons que l’OIT doit exiger le
respect des « principes et les droits fondamentaux au
travail » par l’Iran. La non ratification des
conventions 87 et 98 par l’Iran ne lui donne pas
l’autorisation et la carte blanche de violer et
piétiner, comme il l’a fait depuis des décennies, les
droits les plus élémentaires des travailleurs.
En
espérant des mesures concrètes de votre part en
conformité avec les obligations de l’OIT et des pays
membres, et en réaffirmant les 7 revendications que nous
vous avons communiquées le 8 juin courant, nous vous
prions d’agréer, Madame, l’expression de nos salutations
respectueuses.
P.S.
Copie à Monsieur Juan Somavia, Directeur Général
Comité de la Solidarité avec les Travailleurs Iraniens,
Australie
Comité de Soutien des Travailleurs Iraniens – Toronto,
Canada
Solidarité avec les Travailleurs Iraniens – Norvège
Groupe des Travailleurs Pionniers en Exil – Suisse
Solidarité Socialiste avec les Travailleurs Iraniens –
France
Solidarité avec les Travailleurs Iraniens – Cologne
Solidarité avec des Travailleurs en Iran – Francfort
Solidarité avec des Travailleurs en Iran – Hanovre
Solidarité avec les Travailleurs Iraniens – Hambourg
Alliance Internationale pour Soutenir les Travailleurs
en Iran
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