Echo
d'Iran N°
5 2007-10-01,
Le mouvement des Enseignants et leurs revendication
Les enseignants, sous la République Islamique sont confrontés
aux deux problèmes:
Le premier problème concerne leur niveau de vie: les
salaires restent dérisoires malgré la hausse de prix et
l’inflation galopante. Leur pouvoir d’achat baisse et
pauvreté s’installe dans leur vie quotidienne. Ce
phénomène n’était pas inconnu des enseignants et
ouvriers sous l’ancien régime.
Le second problème provient d’un système particulier
instauré par le régime actuel: le système de favoritisme
qui doit être considérée comme une sorte de
discrimination institutionnalisée. Cette dernière
s’applique dans toute la société à tout niveau social et
travail. Pour un despotisme religieux ses principes
idéologiques et les dogmes religieux sont prioritaires.
Bien entendu celle ou celui qui ne respecte pas ces
principes subira ses conséquences, mais par contre les
fidèles du régime sont des privilégiés dans tous les
domaines sociaux et salariaux. L’hypocrisie et la
corruption sont des conséquences de cette pratique
discriminatoire.
Cette discrimination pratiquée par le régime islamique
perturbe le fonctionnement du système d’enseignement et
d’éducation. Par exemple un fonctionnaire, inféodé au
régime, avec moins de connaissance et de qualification
bénéficie de l’indulgence du régime et reçoit un salaire
meilleur par rapport à son confrère ou sa consoeur plus
qualifié et plus expérimenté.
En
plus de ces deux problèmes il y a d‘autres
revendications de la part des instituteurs: la
répartition des «actions équitables» ainsi que «le
complément d’assurance maladie des Enseignants » et la
reconnaissance de leur syndicat indépendant. C’est dans
cette direction que leur combat s’oriente avec beaucoup
de détermination.
Ahmadinéjad, actuel Président de la République, après son
arrivé au pouvoir, n’a pas tenu ses promesses de sa
campagne électorale. C’était le nouveau point de départ
des premières protestations des enseignants, en lui
rappelant ses promesses, mais sans recevoir de réponse
pendant des mois.
Durant l’année 2006 ont eu lieu des manifestations
pacifiques des enseignants, mais le gouvernement,
insensible aux revendications des enseignants, ne
présente aucun projet à ce sujet. Au mois de mars 2006,
ils manifestent de nouveau dans les rues afin de faire
entendre leurs revendications légitimes. Leur courage,
résistance et détermination ébranlent le gouvernement.
Plus de 150,000 personnes se rassemblent devant la Chambre
Islamique des Députés à Téhéran. Ils distribuent des
tractes pour expliquer leurs revendications en criant
des slogans revendicatifs. Une lutte populaire qui prend
de l’ampleur, peut provoquer une crise au sein du
gouvernement, et le régime de la république islamique
ne fait pas figure d’exception à cette règle générale.
Face aux revendications des enseignants, le gouvernement
et le Conseil de Surveillance ainsi que la Chambre
islamique des Députés, ont proposé leurs propres
« solutions », avec des contenues contradictoires.
Il est bon à savoir qu’un grand nombre de manifestants (les
enseignants) étaient arrêtés et torturés pendant leur
garde à vue, ce qui a provoqué la colère des enseignants
dans tout le pays. Le 14 mars 2007, une rencontre a eu
lieu, à « l’assemblée national islamique », entre les
représentants des enseignants et de la Chambre des
députés ainsi que les deux représentants de
l’Organisation National pour la Direction et la
Planification, sans obtenir le moindre résultat. Les
propos contradictoires des représentants de l’Etat sont
la preuve de futilité de de négociation.
Comme prévu, les représentants des enseignants sont allés
informer leurs collègues du résultat de cette
négociation. . Pour ce faire ils se sont réunis devant
la Chambre des Députés, mais ce rassemblement a été
violement attaqué par les forces de l’ordre avec un
grand nombre d’arrestation. La répression avait déjà
pris une grande ampleur.
Dans
ces circonstances le gouvernement ne fait que
manoeuvrer. Malgré le
fait que les revendications des enseignants ne concernent que
leur situation économique et sociale, on le taxe d’être
un « mouvement politique ». En réalité c’était le régime
lui même qui a donné un aspect politique à ce mouvement
en arrêtant les manifestants pacifiques. Des mises à
pieds ont été appliquées à l’égard de certains entre
eux. Immédiatement les enseignants ont exigé la
libération sans conditions de leurs consoeurs et
confrères emprisonnés et la levée des mises à pieds.
A cette occasion ils expliquent à nouveaux leurs difficultés
économiques et invitent le gouvernement et les
responsables concernés à les écouter et résoudre leurs
problèmes économiques. Dans cette perspective Ils
demandent au gouvernement à allouer un budget à cet
égard et ensuite faire voter un projet de loi sur le
service d’Administration de l’éducation du pays. Ces
derniers faisaient partie des revendications centrales
des enseignants, tandis que les autres demandes comme le
régime complémentaire de l’assurance maladie ainsi que
« les actions équitables » étaient secondaires.
Au cours de l’année 2007, le gouvernement devrait désigner
un budget pour faire sortir les enseignants de leur
misère économique. En 2005 grâce à la hausse du prix de
pétrole, un revenu inespéré est entré dans les caisses
de l’Etat. Ce dernier pourrait répondre largement aux
besoins des enseignants, d’autant plus que le partage du
bénéfice du pétrole avec la population faisait partie
des promesses électorales d’Ahmadinéjad pendant sa
campagne présidentielle!
Une divergence apparaît au sein du gouvernement lors de la
préparation du budget annuel. Le gouvernement avait
évalué le coût des revendications des enseignants à 7
millions d’euros, tandis que l’estimation des députés
ne s’élevait qu’à 3 millions d’euros. Le coup de
théâtre ; le gouvernement déclare que cette somme n’est
pas disponible et le Conseil de Surveillance gèle
complètement ce projet de lois tout en donnant une
réponse négative aux revendications des enseignants. A
ce stade le mouvement, déjà répandu dans tout le pays,
prend une ampleur nationale. Les arrestations se
multiplient et tout rassemblement des enseignants subit
la répression.
Une
manifestation prévue de partir de la Ministère de
l’Education jusqu’à la Chambre des Députés est dispersée
par l’intervention des forces de
l’ordre et un nombre important des manifestants est arrêté.
Les enseignants décident de mener leur combat autrement.
D’abord ils déclarent :
« Le
gouvernement est le seul responsable de l’incident du 14
mars, et nous demandons qu’il nous présente ses excuses.
Etant donné que il mène des actions injustes et
illégales à notre égard, vu les arrestations de nos
militants syndicaux et les promesses qui ne sont jamais
réalisées, nous avons décidé de mener les actions
suivantes :
1-
Conformément à la déclaration du 3 mars du Conseil de
Coordination de Syndicat des Enseignants, le dimanche 29
avril nous allons nous abstenir d’enseigner malgré notre
présence dans les établissements scolaires. En suite le
2 mai nous nous rassemblons de 9h à 12h, dans les
bureaux de l’Education Nationale de tous les
départements du pays. Cette journée doit considérer
comme une journée de protestation.
2- En
cas de non satisfaction de nos revendications syndicales
et de non abolition de toutes actes discriminatoires
ainsi que l’inégalité de salaires entre les confrères et
consoeurs nous allons procéder à un grand assemblement
le mardi 8 mai 2007 devant la Chambre des Députés.»
Ayant
mis, courageusement, toutes les actions déclarées en
exécution, les enseignants n’ont rien obtenu.
Actuellement ils sont en vacances scolaires et pendant
cette période tous les établissements scolaires sont
fermés. Il est vraisemblable qu’à la rentrée scolaire
2007-2008 le gouvernement n’échappe pas à une reprise du
mouvement des enseignants.
A
l’heure actuel les enseignants n’ont pas l’intention de
faire appel aux élèves pour se manifester dans les rues
à leur côté, mais si ça se produit et que les autres
mouvements comme ceux des ouvriers, des infirmières, des
femmes et des étudiants les rejoignent, le gouvernement
sentira des secousses importantes. Même si son
renversement ne se réalise pas, au moins il subira un
grand choc et la société Iranienne pourra se mettre en
situation révolutionnaire.
Il
est certain que tous les secteurs de la société
iranienne, grâce à leur combat de tous les jours, ont
gagné de l’expérience et se battent avec beaucoup de
détermination. Le combat des enseignants continuera
jusque l’obtention de leurs revendications économiques
et syndicales.
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