Echo
d'Iran N°
5 2007-10-01,
Sur la
célébration du 1er mai 2007 en Iran
Comme les années précédentes les travailleurs iraniens ont
bravé les interdits imposés par les autorités de l’Etat
et leurs menaces à l’encontre de quiconque qui « oserait
parler de syndicat dans ce pays ».
Téhéran, 4 jours avant le 1er mai, à
l’initiative des travailleurs des usines de fabrication
d’automobile « Iran Khodro » et « Saipa », une fête
populaire a été organisée. Précisément les mêmes
ouvriers avaient organisés plusieurs actions de
protestations sur leurs lieux de travail durant les mois
derniers contre les licenciements et les retards de
paiements des salaires et surtout ceux qui avaient
publiquement exprimé leur solidarité avec les
syndicalistes de « Sherkat é Vahed » [Régie du Transport
de Téhéran] pendant la vague de la répression et
l’arrestation de ces syndicalistes.
Plus
de cinq mille travailleurs ; les militants du mouvement
ouvrier, les militants féministes, les étudiants et les
défenseurs des droits de l'enfant, ensemble avec leurs
familles, ont participé à la fête qui a eu lieu aux
alentours de Téhéran. Cette occasion s’est transformée
en un lieu convivial de discussion sur les questions
concernant le mouvement ouvrier iranien, dont
l'organisation des manifestations du 1er mai.
C’était la première fois que les activistes
réussissaient à organiser un tel
rassemblement sans que les forces de sécurité du puissent le perturbé.
Le 1er mai de cette année les travailleurs ont
organisé différentes manifestations dans les grandes
villes et dans les usines, des séminaires dans les
universités et surtout à Téhéran où ils ont profité de
la manifestation « officielle » organisée par l’infâme
« La Maison du Travail » à Stade Shiroodi.
En effet quand les responsables de cet organisme anti
ouvrier à la solde du régime ont réalisé que les
travailleurs étaient déterminés à célébrer ce jour de la
lutte des travailleurs, coûte que coûte, ils ont décidé
d’organiser un rassemblement officiel (à savoir que 1er
mai n’est reconnu par la régime de Téhéran). Le lieu de
cette manifestation n’était pas divulgué jusqu’au matin
du 1er mai.
De plus les autorités ne l’ont autorisé qu’à la dernière
minute, espérant ainsi décourager les militants de s’y
rendre et ainsi conserver le caractère docile et
officiel de ce rassemblement. Mais rien n’y est fait,
dès l'annonce du lieu du rassemblement, les militants
ont commencé d’y affluer à partir du siège de « La
Maison du Travail ».
Ainsi les milliers de travailleurs, arrivés la veille de
différentes régions du pays, sont précipité dans le
Stade en brandissant les pancartes sur lesquelles on
pouvait lire « Un syndicat indépendant est notre droit
absolu », « Pouvoir s’organiser, faire grève sont nos
droits absolus ». Ils ont commencé à scander leurs
slogans et ont demandé que Mansoor Ossanlou, le
président du syndicat de Sherkat-é-Vahéd puisse prendre
la parole. Devant cette agitation qui prenait de
l’ampleur, les responsables de la « Maison du Travail »
ont essayé d’écourter la cérémonie mais cela a incité
les travailleurs à protester à l'extérieur du stade.
Des
milliers de participants sont sortis en scandant « A bas
les suppôts des capitalistes ! », « Libérez Mahmood
Salehi ! » (le militant syndicaliste emprisonné et qui
souffre de graves insuffisances rénales) et « Ouvriers,
Etudiants Unissez-vous ! », en marchant vers le centre
de Téhéran. Les forces de sécurité ont alors intervenu
et ont violemment brutalisé les manifestants en arrêtant
des dizaines de personnes, parmi lesquels des
étudiants. Quelques heures plus tard, pour calmer les
esprits, les autorités ont libérés la plupart des
personnes interpellées.
Les incidents similaires se sont produits dans certaines
villes. A Sanandaj (chef lieu de Kurdistan) une grande
manifestation a été organisé par les militants de
« Comité de coordination de la région de l'ouest de
l’Iran » « Union Générale des Travailleurs Licenciés et
Chômeurs » devant le Bureau des Relations de Travail.
Les forces de sécurité ont sauvagement attaqué les
manifestants et ont arrêté 16 personnes. Par la suite,
les agents de sécurité ont procédé à une rafle à travers
la ville et ont arrêté 13 autres militants.
Les familles et les amis des arrêtés ont manifesté pendant
plusieurs jours et finalement ont obtenu la libération
de plusieurs d’entre eux. A Marivan (Kermanshah), deux
autres villes situées à l’ouest d’Iran, les
manifestations ont été organisé par les militants
ouvriers et à chaque fois les heurts avec les forces de
l’ordre et sécurité se sont produites et des dizaines de
manifestants ont été arrêtés.
Le 2 mai, quelques deux mille enseignants se sont rassemblés
devant le ministère de l’Education Nationale et ont
demandé la libération de leurs camarades emprisonnés,
avaient été arrêtés pendant les protestations nationales
des mois précédents.
La présence d’autres militants comme les étudiants et les
slogans de l’unité entre les différents mouvements, tout
en considérant le mouvement ouvrier comme la colonne
vertébrale de ces mouvements, est un signe important et
encourageant qui montre la maturité des militants actifs
au sein des mouvements ouvrier et démocratique en Iran.
Droit
à organisations autonomes, la libération des militants
emprisonnés, le paiement des salaires impayés telles
étais les principales revendications des travailleurs
iraniens. Cette année l'ampleur, la sophistication et
l’étendu de la mobilisation des militants ouvriers, à
l'occasion de la célébration du 1er mai,
étaient sans précédant depuis de longues temps et cela
montre que le mouvement de protestation des travailleurs
iraniens est entré dans une nouvelle phase de lutte.
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