Mis à mal sur le plan intérieur
par la persistance de la mobilisation démocratique,
le régime iranien semble prêt à faire des
concessions sur le dossier nucléaire.
Après quatorze mois
d'interruption, les négociations sur la question du
nucléaire iranien ont repris, le 1er
octobre à Genève, entre les dirigeants des
États-Unis, de Russie, de Chine, de Grande-Bretagne,
de France, d'Allemagne et d’Europe et le négociateur
de la République islamique, Saïd Djallili.
Ce nouveau round de discussions
succède à une intense agitation où chacun a voulu
montrer ses muscles : « découverte » par Barack
Obama, Nicolas Sarkozy et le Gordon Brown d’un d'un
nouveau site nucléaire iranien près de la ville
sainte de Qom, essais de missiles de longues et
moyennes portées par l'Iran, déclarations guerrières
des dirigeants israéliens. Ce regain de tension a
été savamment orchestré par les puissances
occidentales qui profitent de la crise de régime que
traverse la République islamique depuis la
réélection contestée d’Ahmadinejad. Conscient de son
affaiblissement, le pouvoir iranien a tenté de jouer
sur la fibre nationaliste de la population en
faisant procéder à des tirs de missiles.
Mais la presse internationale a
omis de dire que la rencontre de Genève a aussi été
précédée des gestes réciproques de « bonne
volonté ». Le gouvernement américain a autorisé le
ministre iranien des Affaires étrangères, Manoucher
Mottaki, à venir à Washington, une première depuis
trente ans. Mottaki été chargé par le Guide suprême
de la révolution islamique, Ali Khameneï, d’apporter
à Obama de nouvelles propositions de Téhéran. Le
pouvoir iranien a pour sa part permis à des
diplomates américains de visiter les trois touristes
arrêtés cet été pour avoir pénétré illégalement en
Iran.
Les négociations de Genève ont
mis en lumière l'état de faiblesse du régime
iranien. En brandissant le renforcement des
sanctions, notamment contre le secteur pétrolier
iranien, les grandes puissances ont contraint
Ahmadinejad à un recul sur le dossier nucléaire.
Ainsi, un accord pourrait
intervenir pour que l'Iran fournisse l'uranium
enrichi à moins de 5% (taux nécessaire pour le
nucléaire civil) à la Russie qui le ferait enrichir
à 20% avant que la France ne le transforme en
combustible nécessaire au réacteur de recherche de
Téhéran, sous contrôle de l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA).
Confrontée à un conflit profond
au sommet du régime et à une crise économique forte,
l’Iran doit également faire face à une contestation
populaire qui ne faiblit pas. Sur plan intérieur,
Khameneï tente de résorber la crise qui fait rage au
sein du sérail et de retrouver une certaine marge de
manœuvre. En signe de détente, il a ordonné la
libération de plusieurs dirigeants du camp
« réformateur ». Il a également fait procédé à des
remaniements de la direction des Gardiens de la
révolution. Sur le front extérieur les dirigeants
iraniens ont décidé de calmer le jeu.
Plus que jamais, il y a pour le
mouvement progressiste et antiguerre plusieurs
combats indissociables à mener de front. D’une part,
la lutte contre les impérialismes, les menaces
d'interventions militaires et les sanctions
économiques frappant d'abord le peuple iranien et la
lutte pour la dénucléarisation du Moyen-Orient et
donc d’Israël, seul à posséder dans cette région un
arsenal atomique. D’autre part, la construction
d'une solidarité active avec celles et ceux qui
luttent pour la justice sociale, les libertés et
l'égalité et veulent en finir avec la République
islamique.
Babak
Kia.