Communiqué
27 Juin 2007
Soutenons les travailleurs de Haft Tapeh !
Le complexe de Haft Tapeh, une raffinerie de canne à sucre située au Khouzestan, dont l’unité la plus importante se trouve près de Suze (ville historique), a été au centre de plusieurs conflits sociaux. Cette usine du secteur public compte des milliers d’ouvriers et a plus de 47 ans d’existence.
Ces dernières années, les ouvriers de ce complexe ont protesté à maintes reprises contre le non-paiement de leurs salaires.
En 8 avril 2008, des milliers de travailleurs de la sucrerie se sont mis à nouveau en grève. Le 6 mai, le nombre des grévistes a atteint le chiffre de 5.000. Ils ont manifesté aux cris de « Nous avons faim, payez-nous » : ils ont été molestés par les miliciens du régime.
Depuis trois semaines, ils ont entamé une grève pour les mêmes revendications : paiement des salaires, retardé depuis plus de six mois, et création d’un syndicat. Récemment, ils ont même bloqué la route principale qui conduit à la ville d’Ahvaz, le chef-lieu de la province pétrolière du Khouzistan. L’Etat, qui est propriétaire de l’usine, au lieu de leur donner une réponse favorable, a envoyé ses agents pour réprimer les ouvriers. Leurs représentants ont été arrêtés. Actuellement, les forces militaires du régime occupent l’usine.
Le 16 juin, malgré une répression féroce des manifestants par la police, plus de 10.000 ouvriers et membres de leurs familles se sont rassemblés et ont formulé les revendications suivantes :
1. Versement des salaires, retardé depuis plus de six mois ;
2. Arrêt du harcèlement envers les militants ouvriers de l'usine par les dits « tribunaux de la révolution » ;
3. Expulsion du conseil d'administration et de son président (ce dernier est un « clerc ») ;
4. Expulsion du chef de la sécurité de l'usine (dans les usines, le Bureau de sécurité en général est l’antenne de la police politique et son chef joue un rôle de premier plan dans la répression des ouvriers).
En outre, les travailleurs ont exprimé leur profonde inquiétude à propos de la situation financière de l’entreprise et ont demandé au gouvernement de prendre des mesures urgentes afin d’éviter la faillite ou la fermeture éventuelle de l’usine. Ils iront sans doute rejoindre sous peu la masse des chômeurs iraniens car le régime prétend que l’industrie iranienne de production de sucre est en faillite.
Le régime affirme que la soi-disant faillite de l’usine serait due à des importations sauvages des gros bonnets du régime. L’année dernière, ils auraient importé 3 millions de tonnes alors que l’Iran a tout juste besoin de 350.000 tonnes de sucre. Ils sont connus de tous mais ce qu’affirme le régime est entièrement faux. Il y a un projet de démantèlement du parc industriel.
Haft Tapeh Sugar Cane Company a commencé ses activités en 1975 pour exploiter 12.000 hectares de champs de canne à sucre dans la région du Khouzestan.
En 1977, la raffinerie de Haft Tapeh devint l’une des plus importantes au monde avec une production de 1,3 million de tonnes (sept fois supérieure à la consommation intérieure).
Aujourd’hui la capacité officielle de production de cette usine est de 5,1 millions de tonnes (d’une valeur de 600 millions à 1 milliard d’euros), soit 4 fois plus que sa capacité en 1979. Or, entre-temps, le régime a multiplié par sept les champs de canne à sucre et les infrastructures, de plus les techniques de raffinage se sont améliorées depuis 1979 : normalement, cette usine devrait produire 11 millions de tonnes et non la moitié affichée. Non seulement cette capacité réelle (et dissimulée) place l’Iran dans les 4
premiers producteurs mondiaux de sucre, mais elle lui
permet d’être le second leader mondial des pays
exportateurs de sucre (derrière le Brésil) car,
contrairement aux autres grands producteurs, la
consommation interne iranienne est extrêmement basse.
A titre d’exemple, l’UE produit 21,3 millions de tonnes de
sucre et en consomme 15 millions, alors que l’Iran a une
consommation interne de seulement 350.000 tonnes. La
raffinerie de Haft
Tapeh se porte donc extrêmement bien : ses dirigeants
n’ont donc aucune excuse pour ne pas rémunérer les
ouvriers ou encore se déclarer en faillite. Les rumeurs
d’une chute de la production qui serait due à des
exportations sauvages sont donc fausses. L’annonce de la
faillite est délibérée.
La mise en faillite est la technique fondamentale de
l’économie selon le régime : mettre en faillite les
usines, licencier les ouvriers, récupérer les terrains
pour la spéculation foncière et remplacer ce qui pouvait
être produit en Iran par des produits importés, avec des
pétrodollars, sur lesquels ils touchent des commissions
occultes plus importantes que la plus-value des
exportations. Le démantèlement des industries iraniennes
est au programme du régime iranien qui bazarde ces
richesses pour privilégier l’implantation en Iran des
compagnies étrangères et plaire ainsi aux pays
occidentaux et aux institutions comme la Banque mondiale
et le Fonds monétaire International, afin qu’ils
laissent l’Iran entrer dans l’Organisation mondiale du
commerce (OMC)
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