Communiqué de presse d’Amnesty International
ACTION URGENTE
Prisonnier d'opinion / Préoccupations pour la
santé
Nouveau sujet d'inquiétude: Mauvais
traitements
IRAN |
Mahmoud Salehi (h), leader syndical |
18 décembre 2007 |
Mahmoud Salehi, porte-parole du Comité
organisationnel pour la création de syndicats,
aurait été hospitalisé, inconscient, le
11 décembre, après maintes pertes de
connaissances en prison entre le 4 et le
10 décembre. Au cours d'une précédente
hospitalisation, le 4 décembre ou autour de
cette date, les autorités ont placé des attaches
sur son lit. Il est possible que cet homme ne
reçoive pas tous les soins médicaux dont il a
besoin.
Mahmoud Salehi, qu'Amnesty International
considère comme un prisonnier d'opinion, a
depuis longtemps des problèmes de santé. En mai
2007, son médecin a demandé qu'il soit autorisé
à sortir de prison pour recevoir des soins
spécialisés, mais sa requête est restée sans
suite. Atteint d'une pathologie rénale
chronique, Mahmoud Salehi a besoin de subir des
dialyses. Il souffrirait également de troubles
cardiaques. En décembre 2007, certaines sources
ont indiqué qu'il avait un grave œdème
intestinal qui pourrait être lié à sa maladie
des reins.
Après son admission à l'hôpital de Towhid (ou
Tohid) à Sanandaj, dans la province du
Kurdistan, Mahmoud Salehi a subi un scanner du
cerveau qui a révélé des lésions de vaisseaux
sanguins dans cette région. Najibeh Salehzadeh,
son épouse, aurait déclaré le 18 décembre :
« L'état de santé physique de mon mari est
extrêmement grave. Un de ses reins ne
fonctionne plus et comme il ne reçoit pas les
soins nécessaires, son autre rein commence à
défaillir. Sa pression artérielle est
fluctuante et son taux de glycémie très élevé.
Il s'évanouit en moyenne deux fois par jour.
Le fait que son rein ne soit pas soigné
affecte également son cœur. Ses pieds et
ses jambes sont enflés et les trop fortes doses
de tranquillisants mettent sérieusement en
danger sa santé. »
Mahmoud Salehi figurait parmi un groupe de 20 à
30 prisonniers transférés de force le 4 décembre
d'une section à une autre de la prison centrale
de Sanandaj. Il n'a eu que peu de temps pour
rassembler ses affaires, en outre, son état de
santé fait qu'il a été plus lent que les autres
prisonniers à obéir à cet ordre, ce qui lui a
valu d'être insulté et, selon certaines sources,
menacé de mort par un gardien. Mahmoud Salehi a
vu sa tension artérielle augmenter des suites,
manifestement, du stress qu'il a ressenti lors
de ce transfert. Il a donc été conduit, le
4 décembre ou autour de cette date, à l'hôpital
de Towhid, où on l'a attaché à son lit et lui a
administré des tranquillisants avant son renvoi
en prison à une date qu'Amnesty International
ignore.
Mahmoud Salehi s'est vu refuser l'autorisation
de recevoir la visite de son avocat et de sa
famille. Cette dernière, qui vit à
400 kilomètres de Sanandaj, a pu le contacter
par téléphone.
INFORMATIONS
GÉNÉRALES
Mahmoud Salehi a été arrêté à la suite d'une
manifestation pacifique célébrant le 1er mai
2004. En novembre 2005, il a été condamné à cinq
années d'emprisonnement et à trois ans d'exil
intérieur à Qorveh, dans la province du
Kurdistan. Au cours de son procès, le procureur
aurait invoqué ses activités syndicales en tant
qu'éléments à charge, et fait état d'une réunion
qu'il avait tenue avec des responsables de la
Confédération internationale des syndicats
libres (CISL)
reconstituée aujourd'hui sous le nom de
Confédération syndicale internationale – en
avril 2004, juste avant les manifestations du 1er mai.
Sa condamnation a été annulée en appel.
Cependant, à l'issue d'un nouveau procès,
Mahmoud Salehi a été condamné, le 11 novembre
2006, à une peine de quatre ans d'emprisonnement
pour « conspiration en vue de commettre des
crimes contre la sûreté de l'Etat ». Il est
resté libre jusqu'à une audience d'appel tenue
le 11 mars, au cours de laquelle sa peine a été
réduite à trois ans avec sursis et une année
d'emprisonnement ferme, qu'il a commencée à
purger le 9 avril 2007.
ACTION RECOMMANDÉE : dans les appels que vous
ferez parvenir le plus vite possible aux
destinataires mentionnés ci-après (en persan, en
kurde, en anglais ou dans votre propre langue) :
- exhortez les autorités à veiller à ce qu'un
diagnostic sérieux soit établi de toute urgence
concernant l'état de santé de Mahmoud Salehi, et
à ce qu'il soit examiné, s'il y a lieu, par des
spécialistes qualifiés, et bénéficie des soins
médicaux requis par son état ;
- rappelez à l'administration pénitentiaire
qu'en vertu des règles 33 et 34 de l'Ensemble
des règles minima pour le traitement des détenus
[ONU], les chaînes et les fers ne doivent pas
être utilisés en tant que moyens de contrainte,
et l'emploi d'autres instruments de contrainte
ne doit pas être prolongé au-delà du temps
strictement nécessaire ;
- appelez les autorités judiciaires à fournir
des informations quant au motif de
l'emprisonnement de Mahmoud Salehi ;
- dites-vous inquiet à l'idée que cet homme ait
été incarcéré en raison de ses activités
syndicales, qu'il semblait pourtant mener de
manière pacifique ;
- priez les autorités de le libérer
immédiatement et sans condition, car il s'agit
d'un prisonnier d'opinion qui est détenu
uniquement pour avoir exercé de manière
pacifique son droit à la liberté d'expression et
d'association ;
- rappelez aux autorités qu'elles doivent
s'assurer que cet homme est régulièrement en
contact avec ses avocats et sa famille
- rappelez également aux autorités qu'elles sont
tenues de respecter les dispositions de
l'article 22-1 du Pacte international relatif
aux droits civils et politiques (PIDCP), qui
garantit le droit de constituer des syndicats et
d'y adhérer, ainsi que celles des conventions 87
et 98 de l'Organisation internationale du
travail (OIT) sur la liberté syndicale et le
droit de s'organiser, étant donné que l'Iran est
membre de cette organisation.
|