Communiqué
05 Janvier 2008
Brutale
répression contre les étudiants
Lors la première semaine de décembre 2007, plus de 40
étudiants ont été arrêtés à la veille de la journée de
commémoration des luttes du mouvement étudiant en Iran,
dite «16 Azar, le Jour de l’étudiant ».
Le 7 décembre 1953, quatre mois après le coup d’Etat sanglant
de la CIA contre le gouvernement du Dr Mossadegh qui
avait ramené le shah au pouvoir, Richard Nixon, le
vice-président américain de l’époque, se rendit à
Téhéran. Les étudiants iraniens l’accueillirent par de
grandes manifestations pacifiques. Le régime du shah
réprima brutalement ces manifestations au cours
desquelles
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3 étudiants
furent tués par les tirs de
l’armée. Le lendemain, Nixon recevait son titre de
doctorat honorifique à l’université de Téhéran !
Cela fait cinquante-quatre ans que les étudiants iraniens
commémorent cette sanglante journée sous le nom de
« Jour de l’étudiant ».
Le régime islamique, comme le régime monarchique avant lui,
ne tolère pas cette commémoration qui est devenue le
symbole de la lutte contre la dictature et
l’impérialisme. Tous les ans, le pouvoir empêche les
réunions et manifestations en investissant les
universités et en arrêtant les militants étudiants.
Cette année, la répression était encore plus forte et le
nombre des arrestations encore plus élevé. Les étudiants
arrêtés ont été particulièrement maltraités. Ils ont été
torturés, privés de visite de leurs familles et avocats
et ont passé plus d’un mois et demi dans des cellules
individuelles à l’isolement. Les autorités avaient
menacé les familles de « châtiments sévères » afin de
les empêcher de contacter les médias et les agences
internationales.
Malgré cela, des nouvelles très inquiétantes ont circulé
concernant l’état de santé des étudiants arrêtés. Le
régime les a mis sous pression pour obtenir des «
aveux », les accusant avoir agi pour « des intérêts
étrangers » et contre « la sécurité de l’Etat ». Déjà en
avril 2007, le ministre de l’information et de la
sécurité avait ouvertement accusé les militantes
féministes, les étudiants et les activistes des
mouvements des minorités nationales d’être « à la solde
de l’étranger ».
Et
comme nous avons déjà rapporté dans nos colonnes, les
militants du mouvement ouvrier comme Mansour Osanlou et
Mahmoud Salehi, tous les deux souffrants, sont
emprisonnés dans des conditions sanitaires
Insupportables. Ils sont accusés des mêmes « crimes »
d’« intelligence avec l’étranger ».
La répression est très dure et les forces de sécurité
agissent avec une brutalité extrême. On essaie par tous
les moyens de faire « avouer » les prisonniers comme
l’entendent les autorités du régime islamique. Une
nouvelle, non vérifiable, fait état de la mort d’un
étudiant sous la torture.
La majorité des étudiants sont « accusés » d’être des
socialistes et des communistes qui défendent la
démocratie et l’idéal d’égalité entre les hommes et les
femmes, les droits des travailleurs et la justice
sociale. En fait, leur radicalisme, leur pensée
progressiste et leur militantisme font très peur au
régime islamique.
Depuis quelques années, avec la polarisation de la société
iranienne, la montée du mouvement ouvrier et les
nouveaux rapports de force et de classe, on constate une
radicalisation des étudiants et l’avènement d’une
tendance affirmée de la gauche socialiste et communiste
dans le mouvement étudiant en Iran.
Les
efforts déployés dans le but d’un rapprochement avec les
mouvements féministes et ouvriers et leur montée en
puissance inquiètent de plus en plus les responsables
du régime qui n’ont d’autre « solution » qu’un recours
brutal à la force afin de les éliminer physiquement.
Tout cela malgré le fait que déjà, dans les années 1980,
sous l’ordre direct de Khomeiny, les autorités avaient
organisé une « révolution culturelle
islamique » très dure et d’une brutalité inouïe qui avait
provoqué la fermeture des universités durant trois ans,
suivie de la « purification » islamique des universités,
d’expulsions massives des enseignants, des professeurs
et des étudiants laïcs et de gauche, de meurtres et
d’emprisonnements des militants étudiants.
Le
régime a instauré des concours idéologiques islamiques,
en plus des concours de connaissance scientifique
habituels, et différents « filtres et tests islamiques »
comme une enquête sur le passé politique et l’opinion
des professeurs et des étudiants qui passent tous ces
concours.
Il y
eut aussi l’établissement d’associations islamiques des
étudiants et de mosquées au sein même des universités,
la nomination d’un représentant spécial du « Guide
suprême » dans chaque université. Ces mesures
discriminatoires n’ont pas pu empêcher que l’université
ne redevienne un centre de la lutte pour la démocratie
et contre la dictature, et la montée en puissance de
différentes pensées progressistes et modernes de gauche
dans ces mêmes universités, quadrillées par toutes
sortes d’organes de contrôle policiers omniprésents,
surtout dans les grandes villes.
A la
suite de cette récente vague de répression, plus de 400
étudiants ont été arrêtés et/ou expulsés des
universités. Cela montre, néanmoins, la faillite de la
stratégie et des méthodes répressives de la République
islamique à l’égard du mouvement étudiant, ainsi que de
ses efforts dans le but de transformer l’université en
« bras idéologique » du régime.
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