Dépêche AFP du 1 décembre 2010 :
La petite amie d’un footballeur iranien, reconnue coupable d’avoir tué l’épouse du joueur, a été pendue mercredi en Iran, a annoncé son avocat à l’agence de presse officielle IRNA.
« Après
environ huit ans (derrière les barreaux, ndlr), Shahla
Jahed a été pendue à 05H00 ce matin (01H30 GMT) à la
prison d’Evin », a déclaré l’avocat, Abdolsamad
Khoramshahi.
Amnesty
International, qui avait appelé mardi l’Iran à suspendre
l’exécution, a condamné l’application de la peine.
« L’exécution de Shahla Jahed, comme toute exécution de
ce genre, est un exemple des meurtres de sang-froid et
prémédités commis par l’Etat ».
« Elle est
particulièrement consternante, des doutes sérieux
subsistant sur l’équité du procès et sur les preuves
utilisées contre la prévenue », a estimé dans un
communiqué Malcolm Smart, directeur d’Amnesty pour le
Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Le frère de
la victime « a accompli l’acte final de l’exécution (…)
en renversant le tabouret sur lequel elle se tenait, la
corde autour du cou », écrit Amnesty citant l’agence de
presse iranienne ISNA.
Khadijeh
Jahed, connue sous le prénom de Shahla, a été condamnée
à mort pour le meurtre de l’épouse de l’ex-joueur
vedette Nasser Mohammad Khani.
Shahla et
M. Khani, une étoile du football iranien dans les années
1980, avaient conclu une forme de mariage temporaire
propre à l’islam chiite, qui permet une union allant de
quelques heures à plusieurs dizaines d’années.
Les hommes
peuvent avoir jusqu’à quatre épouses « permanentes » et
un nombre indéfini d’épouses « temporaires », mais les
femmes ne peuvent être mariés qu’à un homme à la fois.
Condamnée à
mort en juin 2004, Shahla Jahed était ensuite revenue
sur ses aveux. Le chef de la justice avait ordonné en
novembre 2005 le sursis de l’exécution pour que
l’affaire soit réexaminée, mais la peine de mort avait
été confirmée en septembre 2006.
Début 2008,
la justice avait de nouveau fait annuler le verdict et
ordonné un nouvel examen, mais l’Iranienne avait été une
nouvelle fois condamnée à mort en février 2009, selon
Amnesty.
Le Conseil
de l’Europe a lui aussi condamné mercredi la pendaison,
son secrétaire général, Thorbjorn Jagland se déclarant
« atterré » dans un communiqué où il « constate une fois
de plus que le régime iranien a peu de respect pour les
droits de l’Homme ».
Cette
pendaison porte à au moins 146 le nombre d’exécutions en
Iran depuis le début de l’année, selon un décompte de
l’AFP établi à partir d’informations publiées par la
presse locale.
En 2009, au
moins 270 personnes avaient été exécutées en Iran.
En matière
de droit commun, le meurtre, le viol, le vol à main
armée, le trafic de drogue et l’adultère sont passibles
de la peine de mort en Iran, où les autorités estiment
qu’une application sévère de la loi est indispensable
pour maintenir la sécurité publique.