Lettre de prison de
Shahrokh Zamani,
militant ouvrier
A toutes les organisations syndicales et de défense
des droits
Ecoutez le son de ma plainte !
Je suis Shahrokh Zamani, membre du
Syndicat des Peintres de Téhéran et du Comité de Suivi
pour la Formation d’Organisations Ouvrières Libres en
Iran. Je suis résident de Téhéran depuis trente ans. Le
5 juin 2011, alors que je me rendais dans la ville de
Tabriz pour visiter mes parents, j’ai été arrêté en
toute illégalité par des agents du Ministère des
Renseignements, sans aucune charge contre moi, ni preuve
ou mandats. Après quarante jours de violentes tortures à
la fois psychologiques et physiques, j’ai été emmené à
la prison centrale de Tabriz. Pendant ces 40 jours de
détention illégale, je me suis mis en grève de la faim
afin de protester contre cette situation. J’ai perdu 27
kilos et je n’ai jamais signé d’aveux. Bien qu’il n’y
ait eu aucune preuve contre moi et que je n’ai jamais
donné la moindre ligne d’aveux lors des interrogatoires,
la première branche du Tribunal Révolutionnaire de
Tabriz m’a de façon vicieuse accusé de « propagande
contre le régime et de formation de groupes socialistes
» accusation passible de 11 ans de prison ferme. Il
est clair que lors du procès j’ai nié toutes les
accusations depuis le début et montré la nature fausse
et monté de toute pièce des accusations. J’ai demandé au
président du tribunal les preuves contre moi, et la
justification d’une telle longue peine, ce à quoi il a
répondu « Qui croyez vous que je suis Monsieur ? Je ne
suis rien de plus qu’un subordonné dans un système
hiérarchique ».
La prison de Tabriz est une des plus célèbres
prisons, connue pour ses gardiens violents et
meurtriers. Les gardiens sont infâmes par leur
inhumanité, et leurs méthodes meurtrières et illégales.
Les prisonniers ne disposent pas de droits comme des
permissions ou des libérations conditionnelles. Même
l’emprunt de livres à la bibliothèque est complètement
sous le contrôle des fonctionnaires de la prison qui
placent les détenus sous une myriade des pires tortures
physiques et psychologiques. Une des pires de ces
tortures est le déchaînement de prisonniers violents (de
droit commun) contre les prisonniers politiques. Comme
il n’y a aucune loi, cela se passe quotidiennement et il
n’y a pas un jour sans affrontement ou problème entre
ces deux groupes de prisonniers.
Dans une pièce, longue de 20 mètres, il y a 21 lits,
et il est fréquent d’y trouver plus de quarante
prisonniers. Il y a toujours sept prisonniers de droit
commun violents parmi nous pour nous intimider et nous
espionner.
Les prisonniers politiques sont placés en contact
étroit avec les détenus atteints du sida et de
l’hépatite, ce qui, avec les exactions des gardiens, est
le plus stressant. En 2011, ils m’ont transféré de ma
cellule, qui par rapport à celle où ils m’ont envoyé été
un paradis, à la section 12 du bureau des renseignements
afin de me torturer. C’était une zone de quarantaine
réservé aux criminels dangereux. Cela ne pouvait être
supporté au plus que trois journées. Puis, avec
Jomhour Azgoch du PKK (Parti
des Travailleurs du Kurdistan), j’ai été emmené à la
section 15, la section de la méthadone, dans une cellule
avec 50 personnes malades du sida et de l’hépatite. Pour
protester, nous avons fait une grève de la faim pendant
plusieurs jours.
A l’automne 2012, bien que je n’aie pas commis la
moindre infraction, les fonctionnaires ont falsifié des
documents disant que je demandais mon transfert et j’ai
été déplacé à Yazd. Là, les conditions de détention
étaient meilleures, mais j’ai été accusé de diffusé des
informations sur les conditions de détention à
l’extérieur de la prison, et j’ai été ramené à Tabriz, à
la section de soin 8. Là, nous, prisonniers politiques,
avons écris 14 articles mettant en lumière l’absence de
droits dans la prison comme les permissions, les
libérations conditionnelles, l’accès à du matériel
sportif, à des classes techniques ou professionnelles,
etc.
Aussi, les fonctionnaires de la prison ont force les
prisonniers de droit commun a porter plainte contre moi
et d’autres. Ils ont dit que nous avions insulté le
leader [de la République Islamique, NdT], injurié les
prisonniers de droit commun et encouragé les autres
syndicalistes ouvriers emprisonnés à se mettre en grève.
Cette plainte à été instruite et par conséquent j’ai été
transféré à la prison Rajaee-Shahr à côté de Karaj.
A Monsieur Ahmad Shaheed [Rapporteur
à l’ONU sur les droits humains en Iran, NdT]
Malgré les plaints de ma familles auprès des
institutions officielles, dont le Bureau du Leader et la
Cour Suprême des Droits Humains, j’ai toujours subi des
intimidations et des menaces et je n’ai eu aucune
réponse. Je me souviens avoir parlé à mon avocat de
certaines des menaces de la part de ces institutions,
comme des pressions sur ma famille. Un expert de la Cour
Suprême a dit que les charges contre moi sont
malheureusement terriblement injustes et qu’il n’y a
aucune raison légale pour que le juge me condamne à une
telle peine. Un membre des droits humains islamiques
adit à ma femme qu’elle ne pouvait rien faire à propos
de ma situation, puisque ma peine a été décidé par des
personnes hauts placées, et que son seul espoir était de
contacter et de faire part de ma situation aux
organisations internationale des droits humains. Le juge
qui a été forcé de me condamner sur trois accusations a
déclaré après ma condamnation qu’il est seulement un
subordonné dans une affaire aussi complexe et qu’il
s’est borné à une position de soumission à ses chefs.
Le seul espoir que nous, prisonniers politiques,
avons, ce sont les organisations internationales de
défense des droits humains.
Enfin je tiens à souligner que les bureaux des
services de renseignements ont menacé ma vie à la fois
directement et indirectement : par empoisonnement ; par
exposition à des prisonniers atteints du Sida ; en
lançant des prisonniers malades mentaux et violents
contre moi ; en forçant des prisonniers autour de moi à
me pousser à m’évader pour qu’on me tire une balle pour
tentative d’évasion. Je me suis mis en retrait de ces
détenus après avoir été mis en garde. Quelques bons et
gentils gardiens m’ont mis en garde contre ce genre de
chose et m’ont suggéré de prendre exemple sur Monsieur
Emani, un ingénieur ; il n’est plus possible que des
gardiens aident des prisonniers à s’enfuir, et que je
dois faire attention à ce genre de propositions et de
tentatives. Aussi, je le dis à tout le monde : si je
meurs en prison, quelle qu’en soit la cause, ce sera
organisé par les fonctionnaires du régime.
Avec l’espoir d’un avenir humain, sans discrimination
ni cruauté,
Je vous salue chaleureusement et vous remercie pour
votre difficile travail. Merci énormément.
Shahrokh Zamani
Prisonnier à Rajaee Shahr, Iran
20 octobre 2012