10 Juin 2008
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Monsieur Jean François TROGRLIC
Directeur du Bureau de l’Organisation
Internationale du Travail en France
98,
Rue de Sèvres, 75007 Paris
Le
10 juin 2008
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Monsieur le Directeur,
Les déclarations inadmissibles du Président de la
République Islamique d’Iran à l’encontre d’un pays
tiers, a scandalisé la « communauté internationale »
et a fait un tollé dans le monde. Mais, personne ne
se préoccupe des actes du régime iranien contre ses
propres citoyens, et encore moins, du sort des
travailleurs iraniens.
Notre association a pour but, de défendre les
intérêts des travailleurs d’Iran et de faire écho à
leurs revendications auprès des institutions
internationales, notamment la votre.
Dans le passé, nous avons
eu le plaisir de rencontrer votre prédécesseur qui a
eu la bienveillance de transmettre notre dossier à
Genève et de le suivre. A l’époque, notre démarche
concernait le Syndicat des Travailleurs du Transport
de Téhéran (Sherkat VAHED) et son président M.
OSSALOU qui avait été arrêté par le régime.
D’ailleurs, après avoir subi, à plusieurs reprises,
les sévices des agents du régime iranien, il a pu
assister, l’année dernière à une conférence de
l’Organisation Internationale du Travail à Londres,
mais dès son retour, il a été de nouveau poursuivi,
et actuellement il se trouve en prison à Téhéran.
Une des revendications des travailleurs iraniens est
de pouvoir créer leurs propres organisations
professionnelles ou syndicats sans l’intervention et
le contrôle de l’Etat. En Iran, comme vous devriez
le savoir, toutes les infrastructures existantes
sont sous la mainmise du régime. Par ailleurs, les
travailleurs iraniens exigent que les pseudos
représentants officiels des travailleurs, en vérité
désignés et imposés par le régime, soient expulsés
des instances internationales, dont la votre. Ils ne
représentent nullement ni les travailleurs, ni les
personnels des usines et des entreprises iraniennes.
Les ouvriers iraniens sont interdits d’organiser
librement la fête du travail du premier mai. M.
Mahmoud Salehi, un syndicaliste emprisonné pendant
un an, vient d’être libéré grâce à une campagne
internationale. Son seul « crime » était d’avoir
organisé un défilé à l’occasion du 1er
mai 2004.
Parmi les revendications principales des
travailleurs iraniens se trouve aussi le paiement de
leurs salaires impayés depuis des mois. La seule
réponse qu’ils ont obtenue pour le moment se limite
aux arrestations de leurs représentants et à la
répression policière de leurs manifestations, même à
l’intérieur des entreprises. Depuis quelques
semaines les travailleurs de dizaines usines et
d’entreprises ont entamé des actions de
protestations pour obtenir le paiement leurs
salaires : Chantier navale Sadra, Projet du gaz de
Osslovieh, Pneus Alborz, Piles de Pars, Textile du
Kurdistan, Industrie de réfrigérateurs à Lorestan
(Ouest d’Iran), …
Le
point culminant de ces luttes est la grève et les
manifestations des travailleurs du complexe de Sucrerie
HAFT-TAPEH qui se poursuit toujours…
L’usine de Haft Tapeh, dont l’unité la plus importante
est située prés de Suze (Ville historique), a été au
centre de plusieurs problèmes économiques. Cette usine
réunit 5000 ouvriers et a plus de 47 ans d’existence.
3000 d’entre eux, sont employés en C.D.D. Ces dernières
années les ouvriers de ce complexe ont protesté à
maintes reprises contre le non paiement de leurs
salaires.
Depuis trois semaines les ouvriers
ont entamé une grève toujours pour les mêmes causes :
pour le paiement de salaires retardés depuis plus de six
mois et pour la création d’un syndicat. Récemment ils
ont même bloqué la route principale qui mène à la ville
d’Ahvaz, chef-lieu de la province pétrolière du
Khouzistan. L’Etat qui est propriétaire de l’usine, au
lieu de donner une réponse favorable, a envoyé ses
forces de répressions pour écraser la protestation
ouvrière. Les représentants des ouvriers ont été
arrêtés. Actuellement, les forces militaires du régime
occupent l’usine. Les ouvriers de Haft-Tapeh viennent de
rendre public, la création de leur syndicat. Ils ont
besoin du soutien le plus large et d’une reconnaissance
officielle.
Monsieur le Directeur, outres les problèmes évoqués
ci-dessus, nous citons l’une des revendications les plus
importantes et les plus vitales pour les travailleurs en
Iran : la couverture de toutes les entreprises par le
code du travail.
Malgré les nombreuses lacunes de cette loi, les
travailleurs des unités ayant moins de dix salariés ne
sont pas couverts par ce code. Ils travaillent dans des
conditions proches du l’esclavage. Les conditions de
travail sont catastrophiques dans le pays. Le nombre des
accidents du travail est considérable. Ils sont passés
de 4018 (en 2005), à 11634 pour les 6 premiers mois de
l’année 2007 (selon une statistique officiel). Et le
nombre exact doit dépasser ce chiffre. La plupart de ces
ouvriers ne bénéficient d’aucune assurance ou de
couverture sociale.
Les travailleurs femmes sont doublement exploitées.
Elles reçoivent un salaire inférieur aux hommes (même
inférieur à 50%) et souffrent de traitements
discriminants. Le travail des enfants est autorisé en
Iran. Selon la presse officielle, 700 000 enfants
travaillent en Iran, mais en fait, le nombre réel doit
dépasser les 1,7 Millions. Comme nous avons attiré votre
attention par le passé, le régime islamique d’Iran fait
parti des pays qui piétinent le plus les droits des
travailleurs. Nous espérons vivement que vous allez
relayer les revendications légitimes des travailleurs
iraniens.
Monsieur le Directeur, nous voulons souligner que parmi
ces sollicitations, il y a deux priorités urgentes :
-
Le sort des travailleurs de la Sucrerie Haft-Tapeh
qui sont sous la pression des forces policières et
sécuritaires du régime ;
-
La nécessité d’expulser les agents du régime des
institutions internationales, pour que les
véritables représentants des ouvriers puissent y
assister et faire entendre leurs voix.
Veuillez, Monsieur le Directeur, recevoir nos
salutations distinguées.
Solidarité avec les travailleurs iraniens
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