Monsieur le Directeur,
A l’occasion de la
98e session de la Conférence internationale du
Travail, organisée par
l’Organisation Internationale du Travail à Genève,
où les représentants du régime iranien y
assisteront, les différents comités du soutien aux
travailleurs iraniens se rassemblent devant l'OIT
pour protester contre la politique menée par le
régime iranien. Notre comité commun, qui regroupe
des Iraniens en exil de toutes tendances et aussi
des différentes organisations françaises s'adressent
donc à vous par le biais de ce lettre.
La République Islamique d'Iran accélère sa
politique répressive envers des travailleurs et
syndicalistes. Actuellement, plusieurs dizaines des
syndicalistes sont menacés par les lourdes peines de
prison. Cette année dans une manifestation sans précédent de l'unité, neuf
organisations indépendantes des travailleurs en Iran
ont lancé un appel aux ouvriers pour commémorer le
jour de 1er mai 2009. A Téhéran, plusieurs milliers
d'ouvriers, d’activistes et leurs familles ont
répondu en se réunissant dans le parc de Laleh
(Téhéran). Dés le matin le régime a mobilisé ses
forces de la police et de sécurité et encerclé le
parc de Laleh pour empêcher le rassemblement des
manifestants !
Au cours du rassemblement, les forces de l’ordre du régime
ont attaqué sauvagement tous la foule présente à
l’intérieur du parc. Iles ont sauvagement tabassé,
matraqués et attaqués par le gaz lacrymogène non
seulement les ouvrières et d'autres activistes de
travail, mais aussi tous ceux qui se promenaient
dans le parc. Plus de 150 personnes ont été arrêtées
et des centaines blessées. Actuellement, environ 100
personnes sont toujours incarcérées, y compris
beaucoup de femmes. Parmi les arrêtés, se trouvent
les activistes de mouvement ouvrier bien connus
comme Mme Maryam Mohseni, aussi bien que Mrs Behrouz
Khabaz, Ali-Reza Saghaffi, Saiid Youzi, Mohammad
Ashrafi, Bahram Abedini, Manssour Hayat-Gheibi,
Hmayoun Jaberi, Gholam-reza Khani, Jaffar
Azim-zadeh, Shahpour Ehssani-nejad, etc.
Dans le passé, nous avons eu le plaisir de vous rencontrer
et ainsi que votre prédécesseur qui a eu la
bienveillance de transmettre notre dossier à Genève
et de le suivre. A l’époque, notre démarche
concernait le Syndicat des Travailleurs du Transport
de Téhéran (Sherkat VAHED) et son président, M.
OSSANLOU, qui avait été arrêté par le régime.
D’ailleurs, après avoir subi, à plusieurs reprises,
des sévices des agents du régime iranien, il a pu
assister, l’année dernière, à une conférence
internationale du travail à Londres. Mais dès son
retour, il a été de nouveau poursuivi, et
actuellement, il se trouve en prison à Téhéran.
Une des revendications des travailleurs iraniens est de
pouvoir créer leurs propres organisations
professionnelles ou syndicales sans l’intervention
et le contrôle de l’Etat. En Iran, comme vous devez
le savoir, toutes les infrastructures existantes
sont sous la mainmise du régime. Par ailleurs, les
travailleurs iraniens attendent que les
pseudo-représentants officiels des travailleurs, en
vérité désignés et imposés par le régime, soient
expulsés des instances internationales dont la
vôtre. Ils n’y représentent ni les travailleurs, ni
les personnels des usines et des entreprises
iraniennes.
Les iraniens ne sont pas autorisés à manifester à
l’occasion du 1er Mai. L’exemple de M.
Mahmoud Salehi, un syndicaliste emprisonné qui vient
d’être libéré grâce à une campagne internationale,
après plus d’un an d’emprisonnement, est
significatif. Son seule « crime » était d’avoir
organisé un défilé le 1er mai 2004.
Parmi les revendications principales des travailleurs
iraniens se trouve le versement de leurs salaires
impayés depuis des mois. La seule réponse qu’ils ont
obtenue pour le moment se limite aux arrestations de
leurs représentants et à la répression policière de
leurs rassemblements, même à l’intérieur des
entreprises. Depuis quelques semaines, les
travailleurs de dizaines d’usines et d’entreprises
ont entamé des actions de protestations sur la
question de ces salaires impayés : Chantier Naval
Sadra, Projet du Gaz d’Osslovieh, Pneus Elbourz,
Piles de Pars, Textile du Kurdistan, Industrie de
Réfrigérateurs à Lorestan (ouest de l’Iran), etc.
Le point culminant de ces luttes est la grève et les
manifestations des travailleurs du complexe sucrier
de Haft-Tapeh, qui se poursuit toujours.
L’usine de Haft-Tapeh, dont l’unité la plus
importante est située près de Suze (ville
historique), a été au centre de plusieurs problèmes
économiques. Cette usine compte quelque 5 000
ouvriers et a plus de 47 ans d’existence. Quelque 3
000 d’entre eux sont en CDD. Ces dernières
années, les ouvriers de ce complexe ont protesté à
maintes reprises contre le non-paiement de leurs
salaires.
Monsieur le Directeur,
Outre les problèmes évoqués ci-dessus, nous citons
les revendications les plus importantes et les plus
vitales des travailleurs iraniens :
La couverture de toutes les entreprises par le code
du travail. Malgré ses nombreuses lacunes, les
travailleurs des unités comptant moins de dix
salariés ne sont pas couverts par ce code. Ils
travaillent dans les conditions proches de
l’esclavage. Les conditions de travail sont en effet
catastrophiques dans le pays : le nombre des
accidents du travail est considérable. Ils sont
passés de 4 018(en 2005) à 11 634 au cours des six
premiers mois de 2007 (selon une statistique
officiel), alors que le nombre exact doit dépasser
ce chiffre. La plupart de ces ouvriers ne
bénéficient d’aucune assurance ou couverture
sociale.
Monsieur le Directeur,
Nous voulons souligner que parmi ces
sollicitations, il y a deux priorités urgentes :
Veuillez croire, Monsieur le Directeur, en nos
sentiments respectueux