Je souhaiterais observer une minute de silence à la mémoire des travailleurs turcs tombés au travail, afin d'assurer la subsistance financière de leur proche et de leur famille.
Je vous remercie infiniment de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer en tant qu'ouvrier et syndicaliste à cette soirée de solidarité. Malheureusement, les autorités iraniennes m'ont empêché d'être présent ce soir à vos côtés. Mon passeport m'a été confisqué et je suis convoqué auprès des services de renseignement et devant le tribunal du régime.
Les pressions exercées par les autorités durant la décennie passée n'ont nullement faibli en intensité .
Aucun rassemblement n'est toléré en dehors du cadre qui nous est imposé et le moindre témoignage de solidarité est durement réprimé.
Comme vous le savez, Rézah Shahabi, membre du syndicat de Vahed est incarcéré depuis près de 5 ans dans des conditions inhumaines et son état de santé, qui n'a cessé de se dégrader au fil du temps, a aujourd'hui atteint un seuil critique.
Shahrokh Zamoni, Mohamad Djarohi, Jafar Azimzadeh, Behnamé Ebraim Zadéh, et les travailleurs dont le seul crime est d'avoir voulu se constituer en syndicat libre et indépendant, purgent actuellement des peines de prison prononcées à titre exemplaire par le régime.
Mais, chers camarades, durant toutes ces années, toutes ces pressions exercées à l'encontre des travailleurs, loin de faire taire la contestation, en ont au contraire entraîné davantage dans la lutte. Aujourd'hui ces derniers ont pris conscience que les seuls remèdes à la misère sont solidarité et unité de classe, et le jour viendra où dans ce pays les syndicats pourront s'exprimer librement.
Malgré toutes les tentatives du régime à vouloir mettre un terme à l'inertie du mouvement ouvrier, autant par une répression permanente que par l'établissement récent d'un nombre grandissant de structures aussi artificielles qu'illégitimes aux côtés des institutions ouvrières, véritables syndicats jaunes tels que la maison des travailleurs et les conseils islamiques du travail, les travailleurs, déterminés résistent avec fermeté. Toutes ces institutions qui s'avèrent plus répressives encore que les polices régulières du régime, ont pour but de diviser, démotiver, et d'affaiblir le mouvement ouvrier.
En Iran, les médias institutionnels mettent en avant les manifestations et les mouvements de grèves européens pour souligner l'impopularité des régimes occidentaux, tout en niant dans leur propre pays ce même droit de grève et de réunion. Aucune structure n'est autorisée pour dénoncer et combattre l'injustice et la misère. Cela démontre donc avant tout l'hypocrisie si caractéristique que ce régime entretient vis à vis de son propre peuple.
Je salue les travailleurs pour qui solidarité et fraternité ne connaissent ni distance ni frontière et nous vous demandons, chers camarades, de vous faire l’écho de notre colère et de transmettre notre message à l'OIT afin que cette institution internationale exclut de ses instances la délégation officielle du régime en vue de les remplacer par les représentants réels de la classe ouvrière iranienne.
Enfin, j'aimerais vous exprimer de nouveau ma gratitude pour m'avoir invité à cette réunion. Bien que l'on m'ait empêché d'y participer, je suis de tout cœur avec vous et vous souhaite toute la réussite dans votre lutte, pour que triomphe notre combat
Davood Razavi
Syndicat de Vahed
Iran - 26 mai 2014