Accueil

Qui sommes-nous ?
Communiqués
Librairie
Echo d'Iran
Articles
Médiathèque
Contact
Actions militantes

Liens
English
Farsi

 

 

 

 

Le 19 Décembre 2010

 

La suppression des subventions : nouvelle attaque contre les ‎familles ouvrières

19 Décembre 2010 M. Fariborz Raisdana, est un éminent économiste iranien. L’économiste a été ‎arrêté à 2 heures de matin à son domicile à Téhéran. Pourquoi ?

AFP, 20 Décembre 2010: La plupart des Iraniens ont appris dimanche en se réveillant la forte hausse du prix des produits énergétiques, en particulier l'essence et le gazole, appliquée par le gouvernement dans le cadre d'un plan visant à supprimer les subventions directes

Pour pallier tout risque de mouvement de protestation populaire, les forces de police anti-émeutes ont été dépêchées en surnombre dès hier soir à chaque grande intersection de la capitale afin d’éviter une situation comparable à celle de juin 2007, quand des émeutes avaient éclaté après l’annonce de la mise en place d’un plan de rationnement d’essence.

Samedi soir, le président Mahmoud Ahmadinejad a annoncé lors d'une intervention télévisée la mise en œuvre du plan, qualifié de "chirurgie économique", en soulignant qu'il s'agissait du "plus grand et plus populaire plan économique du pays".

Le gouvernement, qui a préparé l'opinion depuis plusieurs mois, a décidé d'appliquer ce plan pour rendre réels les prix des produits de première nécessité, malgré les mises en garde d'une partie des conservateurs contre les effets inflationnistes, l'augmentation du chômage et le risque d'éventuels troubles sociaux.

Selon le communiqué officiel, le prix du quota de 60 litres d’essence par mois accordé à chaque automobiliste est passé à minuit de 0,10 dollar le litre à 0,4 dollar, soit une multiplication par quatre. Au-delà de ce quota, les automobilistes devront payer le litre à 0,70 dollar au lieu de 0,40 dollar précédemment, soit une augmentation de 600%. Le prix du gazole est de son côté multiplié par neuf, passant de 0,0165 dollar à 0,150 dollar.

Mais il n’y a pas que l’essence qui soit visée par ce plan. Les prix de l’électricité, de l’eau et du gaz vont, de leur côté, être multipliés par un chiffre allant de trois à cinq, selon un système par palier tenant compte de la consommation des ménages.

Selon les estimations officielles, les subventions gouvernementales sur les produits énergétiques et alimentaires coûteraient chaque année au gouvernement quelque 100 milliards de dollars, mais elles permettaient jusqu’ici à chaque famille iranienne d’économiser 4 000 dollars par an, selon le Fonds monétaire international(FMI). Soit davantage que le revenu moyen d’un Iranien, qui s’élève à 3600 dollars par an.

Le Fonds monétaire international a accueilli favorablement la mise en place de ce plan, comme un moyen de rééquilibrer l’économie iranienne en difficulté. « Si tout se passe comme prévu par le plan, la stratégie devrait servir le double objectif de générer davantage de revenus pour le pays et de mettre un terme au gaspillage de l’énergie », avaient déclaré en septembre dernier sur le site du Fonds monétaire international le chef de mission Iran du FMI Dominique Guillaume, ainsi que l’économiste Roman Zytek. Selon l’organisation, la suppression des subventions pourrait générer dès la première année un revenu de 20 milliards de dollars pour le gouvernement iranien, mais elle pourrait également se traduire par une certaine augmentation des prix.

Pour compenser la hausse des prix, le gouvernement envisage reverser une partie des économies attendues sous forme d'aide directe à la population.

Selon les chiffres officiels, quelque 60,5 millions d'Iraniens (sur 74 millions) reçoivent tous les deux mois 890.000 rials (89 dollars) sur leur compte bancaire, ce qui représente 2,5 milliards de dollars par mois pour le budget de l'Etat.

Fereydoun Khavand un économiste ultra libéral dit : « 39 $ par mois vont-ils permettre aux Iraniens de compenser une telle hausse des prix ?”, se demande l’économiste. “Surtout quand on sait que lors de son discours télévisé d’hier soir, le président Ahmadinejad a demandé à la population de ne pas dépenser cet argent mais de l’investir ». 

Il ajoute : « Officiellement, l’inflation en Iran s’élève aujourd’hui à 10%,. Mais certains experts considèrent qu’elle est en réalité de 20%. Avec la suppression des subventions, on pourrait atteindre les 30%, sans compter que les nombreuses entreprises qui bénéficiaient des subventions sur l’essence, risquent de ne pas pouvoir supporter les nouveaux coûts, et de devoir mettre la clé sous la porte ».

avoue Fereydoun Khavand. «En outre, cette réforme ne devrait pas être isolée, mais articulée autour d’autres. Par exemple, celle du dollar, lui aussi subventionné en Iran depuis plusieurs années, afin que le peuple ne ressente pas de hausse des prix sur les produits étrangers importés en Iran. Or un dollar à un taux maintenu artificiellement bas handicape l’Iran pour ses exportations. D’autre part, l’Iran a besoin d’autres réformes politiques et économiques de fond, comme la privatisation de ses entreprises, qui appartiennent toujours en majorité à l’État ».

M. Khavand, politiquement un réformiste et naturellement n’aime pas de tout Ahmadinejad Il croit que le président iranien pourrait s’attirer les faveurs des élites, qui lui font cruellement défaut aujourd’hui. Et ironie du sort, cette idée ne viendrait en réalité pas de lui, qui y était même tout d’abord farouchement opposé. Il ajoute :

« L’idée de la réforme des subventions vient des technocrates réformateurs lors du 3ème plan quinquennal (2000 à 2004) de la présidence du Réformateur Mohammad Khatami, révèle l’économiste. Mais celui-ci n’a jamais eu le courage de le mettre en œuvre, notamment en raison de la farouche opposition à l’époque du Guide suprême et des ultraconservateurs. Aujourd’hui, Mahmoud Ahmadinejad, qui a éliminé ces technocrates de la politique iranienne, et qui se considère lui-même comme l’ennemi numéro un du libéralisme dans le monde, adopte une réforme des plus libérales qui soit ».

Le principal quotidien économique Donaye Eghtessad, farouchement néo-libéral qui soitien la fraction dit  « reformiste » du régime, a salué dimanche ces mesures, dans un éditorial intitulé "Libération de la drogue protectionniste" :

"Nous devons abandonner 50 années d'habitude", où nous "dépens(ions) les avoirs du pays pour maintenir les prix artificiellement bas", écrit-il. Nous y voila la convergence absolu de gentils réformistes et méchants conservateurs.

Par contre, Fariborz Raïsdana un économiste de tendance de gauche iranien la veille a expliqué à la Radiob BBC persian que le plan gouvernemental pénaliserait uniquement le peuple:

“Ce chemin qu’a emprunté le gouvernement Ahmadinejad n’aura pas de conséquence positive pour la croissance économique. Il n’aura pas de conséquence positive pour le bien-être du peuple(…) Mais cette politique aidera par contre le  gouvernement”.

“Parce qu’il veut uniquement développer quelques segments des secteurs d’investissement privé et public lui appartenant, comme aujourd’hui l’industrie militaire, ou par le passé les investissements relatifs au Clergé. Il souhaite que ce soit ceux-là qui sortent vainqueurs”.

“Les conséquences de cette politique à long terme vont à l’encontre du peuple. Mais le gouvernement dispose d’outils pour lutter contre le mécontentement. Quels sont-ils ? Actuellement 40 000 toumans(40 dollars) sont versés à chaque individu. Demain, ils vous menaceront de ne plus vous verser cette somme. Demain, si vous ne vous rendez plus aux urnes, ils cesseront de vous payer(…)”.

Vous comprenez  maintenant pourquoi un économiste peut se trouver en prison en Iran.

Qu’ils se proclament « islamiste » ou « démocratique », que ce soit en Occident ou au Moyen-Orient, les Etats en place sont avant tout des Etats bourgeois, c’est à dire des instruments d’oppression entre les mains de la classe capitaliste contre les travailleurs. Et partout dans le monde, n’importe quel travailleur salarié peut constater une même politique de la part de « son » gouvernement, les attaques contre le niveau de vie des travailleuses et des travailleurs. C'est la balance de pouvoir qui détermine les moyens.

 

 

Contact webmasterr

S.T.I., 266, Ave Daumesnil, 75012 Paris http://www.iran-echo.com